Imaginez un foyer qui crépite, un agréable feu de bois qui réchauffe votre salon et une atmosphère conviviale… Mais derrière ce moment de plaisir, se cache un élément essentiel : le conduit de fumisterie. Souvent relégué au second plan, il assure pourtant la sécurité et le bon fonctionnement de votre installation de chauffage au bois, au gaz ou au granulé.
Bien choisir ses conduits de fumisterie : le guide complet
1. Pourquoi s’intéresser aux conduits de fumisterie ?
Qu’il s’agisse d’un poêle à bois, d’une chaudière à granulés ou d’une cheminée traditionnelle, l’évacuation des fumées via votre conduit de fumisterie doit être irréprochable. Un mauvais tirage, un conduit mal dimensionné ou un tubage défectueux peuvent occasionner des perturbations de chauffage, voire présenter des dangers pour la santé (risques d’intoxication au monoxyde de carbone).
2. Les configurations de conduits : comprendre les bases
2.1 Conduit de raccordement, de fumée et de sortie de toit
Avant de détailler les matériaux ou les systèmes de tubage, clarifions les différents segments qui composent la fumisterie d’un logement :
- Le conduit de raccordement : c’est le tuyau qui relie directement la buse de sortie de l’appareil de chauffage (poêle, foyer fermé, etc.) au conduit de fumée. Il est conçu pour résister à de très hautes températures (jusqu’à 600°C).
- Le conduit de fumée : il prend le relais au plafond ou dans le mur et monte jusqu’à la sortie extérieure. Son rôle est d’acheminer efficacement les fumées vers l’extérieur.
- Le conduit de sortie de toit : ultime portion de l’installation qui dépasse la toiture, et qui doit respecter certaines règles de hauteur (dépasser le faîtage d’au moins 40 cm pour un bon tirage, par exemple).
2.2 Tubage en conduit maçonné : rigide ou flexible ?
Deux options principales se présentent si vous souhaitez tuber un ancien conduit maçonné :
- Tubage rigide : plus solide, il optimise grandement le rendement et le tirage. Cependant, il est généralement plus coûteux à l’achat et nécessite une installation plus complexe, puisque le tube doit être mis en place depuis le bas
du foyer vers le haut. - Tubage flexible : moins onéreux et plus facile à installer. Il peut être descendu par le toit ou poussé depuis le foyer. Son principal inconvénient : il est moins solide et n’apporte pas la même optimisation du tirage qu’un conduit rigide.
“Le tubage est une opération qui consiste à introduire un tube dans le conduit à fumée d’une cheminée.”
2.3 Conduits simple, double et triple paroi
Selon les technologies, le conduit est constitué de :
- Simple paroi : un seul tuyau (circulaire ou ovale). On l’utilise généralement pour le raccordement ou le tubage d’un ancien conduit. Il est moins onéreux, mais moins isolé.
- Double paroi isolée : deux tuyaux imbriqués avec une couche d’isolant (souvent de la laine de roche) entre les deux. Ce système optimise le tirage en limitant les déperditions de chaleur. L’usage d’un conduit double paroi est conseillé si le conduit traverse des parties froides (combles, toitures).
- Triple paroi : en réalité, il s’agit d’un conduit concentrique (deux flux d’air) combiné à un conduit double paroi isolé. Cette configuration est plutôt destinée aux appareils étanches qui fonctionnent avec apport d’air comburant par l’enveloppe extérieure du conduit.
2.4 Les conduits concentriques
Un conduit concentrique se compose de deux tubes l’un dans l’autre, permettant de séparer l’évacuation des fumées de l’amenée d’air comburant. Les poêles à granulés étanches et certaines chaudières modernes optent souvent pour ce type de conduit, car il améliore le rendement et permet une installation plus compacte et adaptable.
2.5 Conduits simple peau vs double peau (flexibles)
Quand on parle de "peau", il s’agit uniquement des conduits flexibles. Le simple peau est généralement canelé, tandis que le double peau présente une paroi intérieure souvent lisse, améliorant la résistance et l’étanchéité. Pour le chauffage au bois, le simple peau n’est plus vraiment recommandé parce qu’il résiste moins bien aux hautes températures et aux condensats.
3. Matériaux et performances
Ne négligez jamais le choix du matériau. La durabilité et la fiabilité de votre conduit en dépendent en grande partie. Voici les principaux matériaux utilisés :
- Fer aluminié : solution économique, mais moins solide. Sa durée de vie est plus courte qu’un conduit en inox ou émaillé.
- Inox : très résistant, ne rouille pas. Il existe différentes qualités d’acier inoxydable (316 L, 304…). Le prix est plus élevé, mais la solidité et l’esthétique sont au rendez-vous.
- Acier émaillé : il s’agit d’un acier recouvert d’émail haute résistance thermique. C’est un choix esthétique pour les conduits de raccordement, avec différentes couleurs (noir, marron, etc.).
4. Choisir le bon tubage
4.1 Tubage rigide : avantages, inconvénients, coûts
Avantages :
- Très robuste.
- Améliore considérablement le tirage.
- Augmente la durée de vie de l’installation.
Inconvénients :
- Coût d’achat plus élevé.
- Pose plus complexe (montée depuis la base).
4.2 Tubage flexible : avantages, inconvénients, coûts
Avantages :
- Prix plus abordable.
- Installation simplifiée, souvent réalisable depuis le toit.
- Adapté aux conduits maçonnés dévoyés (avec courbes).
Inconvénients :
- Moins résistant sur le long terme.
- Ne maximise pas le rendement comme un tubage rigide.
5. Accessoires et raccords de fumisterie
5.1 Té, coude, manchon, tampon, collerette, raccord anti-bistre
Pour monter un conduit, différentes pièces garantissent l’assemblage et la solidité :
- Té à 3 voies : permet de raccorder plusieurs conduits ou d’insérer un point de contrôle.
- Coude : assure le changement de direction (45°, 60°, 90°…).
- Manchon : relie deux tuyaux (même diamètre ou diamètres distincts).
- Tampon : obture une sortie de tuyau.
- Collerette : finition autour du tuyau contre un mur ou un plafond.
- Raccord anti-bistre : limite l’écoulement de bistre (dépôt inflammable) au niveau de la liaison avec la buse.
5.2 Fixations et plaques de finition
Plusieurs accessoires sont indispensables pour sécuriser l’installation :
- Colliers de serrage, brides de fixation : solidarisent les conduits.
- Chapeau parapluie : protège la sortie de toit des infiltrations d’eau et des intempéries.
- Plaque d’écartement : maintient une distance de sécurité avec les matériaux
combustibles (charpentes, poutres…). - Plaque de finition : assure un rendu esthétique et l’étanchéité autour du conduit.
5.3 Les kits de fumisterie
Vous pouvez opter pour des kits de fumisterie complets, comprenant tous les éléments nécessaires à l’installation (tuyaux, coudes, adaptateurs, colliers). Attention néanmoins à bien vérifier le diamètre et la compatibilité avec votre installation.
6. Normes et réglementations
En France, les normes phares pour la fumisterie sont les DTU 24.1 et 24.2. Elles définissent :
- La distance de sécurité entre le conduit et les matériaux inflammables.
- Les règles de débouché en toiture : par exemple, le conduit doit dépasser d’au moins 40 cm le faîtage si celui-ci se trouve à moins de 8 mètres.
- Les conditions d’isolation et de montage des différents éléments.
7. Installation et entretien
7.1 Les étapes-clés d’une installation
Avant tout, une étude préalable s’impose. Il faut vérifier la configuration de la maison, la position du futur appareil, la présence (ou non) d’un conduit maçonné déjà existant, etc. Puis viennent :
- Le choix du tubage (flexible ou rigide), du type de conduit (simple, double, triple paroi).
- La pose du conduit de raccordement, la mise en place des coudes et raccords.
- Le montage du conduit de fumée à travers les combles ou le mur, jusqu’au débouché en toiture.
- La fixation et l’isolation (colliers de serrage, plaques d’écartement, etc.).
- Les finitions : plaques de finition, collerette, chapeau de toit.
7.2 Faire appel à un professionnel RGE
Recourir à un professionnel Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) présente plusieurs avantages :
- Sécurité : une installation aux normes, dans le respect des DTU.
- Accès à certaines aides financières : crédit d’impôt, éco-prêt à taux zéro, primes énergie...
- Conseils avisés sur le choix du poêle, du tubage et de l’emplacement.
7.3 Le ramonage : matériel et coûts
Ramoner sa cheminée ou son poêle n’est pas une option :
- Le ramonage mécanique se fait à l’aide d’un hérisson (brosse adaptée au diamètre du conduit) et de cannes flexibles.
- Les dépôts de suie et de bistre sont ainsi éliminés, évitant les risques d’incendie.
- Le tarif d’un ramonage varie entre 40 et 80 € selon la région et le type
d’installation.
“Le bistre est la croûte formée par la suie dans les conduits d’évacuation des fumées… Il est inflammable et à l’origine de nombreux feux de cheminées.”
FAQ
- 1. Quel type de conduit choisir pour un poêle à granulés étanche ?
- Privilégiez un conduit concentrique, souvent appelé « conduit PGI » ou équivalent. Il assurera l’amenée d’air comburant et l’évacuation des fumées dans un seul dispositif, optimisant le rendement de l’appareil.
- 2. Faut-il tuber une cheminée à foyer ouvert ?
- Le tubage n’est pas obligatoire mais il est vivement recommandé pour sécuriser le conduit existant, éviter les dépôts de suie et améliorer le tirage. Vous gagnerez ainsi en rendement et en sécurité.
- 3. À quelle distance du mur placer le conduit de raccordement ?
- Selon le DTU 24.1, il faut compter 3 diamètres du conduit simple paroi par rapport au mur. Cette distance peut être réduite à 1 diamètre si vous optez pour un conduit double paroi isolé.
- 4. Peut-on installer soi-même un conduit de fumisterie ?
- C’est possible si vous avez de solides compétences en bricolage et connaissez parfaitement les normes. Toutefois, faire appel à un professionnel est préférable pour garantir une installation conforme et sécurisée, d’autant plus si vous souhaitez bénéficier d’aides financières.
- 5. Comment éviter l’accumulation de bistre dans le conduit ?
- Utilisez un bois de qualité, bien sec, afin de limiter l’humidité. Faites également vérifier votre installation par un professionnel pour vous assurer qu’il n’y a pas de fuite d’air ou de dépression dans le conduit. Et bien sûr, ramonez régulièrement !
- 6. Pourquoi certaines installations nécessitent-elles un conduit triple paroi ?
- Les conduits triple paroi sont en réalité des conduits concentriques à double paroi isolée. Ils servent aux appareils dits « étanches » qui ont besoin d’un circuit d’air comburant séparé de l’évacuation des fumées, tout en conservant une isolation maximale.
- 7. Quels sont les risques d’un conduit mal entretenu ?
- Un risque incendie élevé en cas de dépôt de bistre, risque d’intoxication au monoxyde de carbone et perte de rendement significative de l’appareil. D’où l’importance du ramonage régulier.
- 8. En quoi consistent les aides financières pour l’installation ?
- Si vous faites réaliser vos travaux par un professionnel RGE, vous pouvez prétendre à certaines aides : primes énergie, crédits d’impôt, éco-prêt à taux zéro, etc. Les conditions varient selon les périodes et les régions.
- 9. Peut-on combiner un ancien conduit en brique avec un tubage double paroi ?
- Oui, à condition que l’ancien conduit soit sain et ne présente pas d’obstacles. Le tubage double paroi améliorera l’isolation et le rendement. Un professionnel pourra vérifier la faisabilité avant l’installation.
- 10. Quel est le rôle exact du chapeau parapluie ?
- Il protège la sortie de toit contre la pluie, la neige et les corps étrangers (feuilles, nids…). Il contribue aussi à un meilleur tirage en évitant un excès d’humidité dans le conduit.
- 11. Quelle est la fréquence de ramonage idéale ?
- Bien que la réglementation locale puisse exiger deux ramonages par an (dont un en période de chauffe), une à deux fois par an est généralement recommandé. Cela dépend du type d’appareil, du combustible et de l’utilisation.
- 12. Quel conseil donner à une personne qui débute ?
- Ne cherchez pas à économiser à tout prix. Optez pour un conduit de qualité, entretenez régulièrement votre installation et demandez conseil à un professionnel. Votre confort, votre santé et votre sécurité en dépendent.