Un dégât des eaux qui inonde votre salon, un cambriolage pendant vos vacances, un départ de feu dans la cuisine… Personne n’est à l’abri d’un sinistre à la maison. Face à ces événements souvent stressants, savoir comment réagir et quelles démarches entreprendre auprès de votre assurance habitation est essentiel pour obtenir une indemnisation juste et rapide. Voici un guide pratique pour vous accompagner pas à pas.
Sinistre à votre domicile : les étapes pour être indemnisé par votre assurance habitation

Réagir immédiatement : les premiers réflexes indispensables
Avant même de penser à l'assurance, la priorité absolue est votre sécurité et celle de vos proches, ainsi que la limitation des dégâts. Les premières actions dépendent évidemment de la nature du sinistre.
En cas de dégât des eaux
Le robinet qui lâche, la machine à laver qui déborde, une canalisation qui fuit… Le dégât des eaux est l'un des sinistres les plus fréquents. Votre premier réflexe doit être de couper l'arrivée d'eau générale si vous le pouvez, ou au moins celle de l'équipement défaillant.
Ensuite, si l'eau est proche d'installations électriques, coupez l'électricité au disjoncteur principal pour éviter tout risque d'électrocution. Épongez l'eau autant que possible et mettez à l'abri les meubles et objets de valeur qui pourraient être endommagés.
En cas d'incendie
Face au feu, la priorité est d'évacuer les lieux sans prendre de risques inutiles. Ne tentez pas de maîtriser un incendie qui prend de l'ampleur. Appelez immédiatement les pompiers (le 18 ou le 112). Une fois le feu éteint et les lieux sécurisés par les secours, ne réintégrez votre logement qu'après leur autorisation. Ne touchez à rien avant d'avoir pu documenter les dégâts (photos, vidéos) pour l'assurance, sauf si cela présente un danger.
En cas de vol ou de vandalisme
Si vous constatez une effraction, un vol ou des actes de vandalisme à votre retour : ne touchez à rien ! Vous risqueriez de détruire des indices précieux pour les forces de l'ordre. Votre première démarche est de contacter la police ou la gendarmerie (le 17) pour signaler les faits. Ils viendront constater l'effraction et enregistrer votre plainte. Ce dépôt de plainte est une pièce indispensable pour votre déclaration d'assurance.
Déclarer le sinistre à votre assureur : une étape administrative déterminante
Une fois l'urgence passée et les lieux sécurisés, vous devez informer votre assureur. Cette déclaration est l'acte qui déclenche le processus d'indemnisation. Ne tardez pas, car des délais stricts s'appliquent.
Respecter les délais légaux : une nécessité absolue
Le Code des assurances est très clair sur ce point. Sauf cas de force majeure, vous devez déclarer votre sinistre à votre assureur dans un délai maximum de 5 jours ouvrés (c'est-à-dire hors week-ends et jours fériés) à partir du moment où vous en avez eu connaissance.
Ce délai est cependant plus court en cas de vol : il est réduit à 2 jours ouvrés.
Un cas particulier concerne les catastrophes naturelles (inondation, sécheresse, tempête reconnue comme telle...). Vous disposez alors d'un délai spécifique, généralement de 10 jours ouvrés (pouvant être étendu par l'État) après la publication de l'arrêté interministériel reconnaissant l'état de catastrophe naturelle au Journal Officiel.
Comment faire sa déclaration ? les canaux possibles
Plusieurs options s'offrent à vous pour déclarer votre sinistre :
- Par téléphone : C'est souvent le moyen le plus rapide pour une première prise de contact et obtenir des conseils immédiats. Notez bien le nom de votre interlocuteur et la date de l'appel.
- En ligne : De nombreux assureurs proposent un espace client sur leur site web ou une application mobile pour déclarer un sinistre facilement.
- En agence : Si vous préférez un contact direct, vous pouvez vous rendre chez votre agent ou courtier.
- Par lettre recommandée avec accusé de réception : C'est la méthode la plus sûre car elle constitue une preuve juridique incontestable de votre déclaration et de sa date d'envoi. Même si vous avez déjà prévenu par téléphone ou en ligne, une confirmation écrite est fortement conseillée.
Quelles informations fournir dans votre déclaration ?
Pour que votre dossier soit traité efficacement, votre déclaration doit être la plus complète possible. Mentionnez impérativement :
- Vos coordonnées complètes (nom, prénom, adresse).
- Votre numéro de contrat d'assurance habitation.
- La date et l'heure (même approximative) du sinistre.
- Les causes et circonstances précises du sinistre (fuite d'eau de la machine à laver, court-circuit ayant provoqué un incendie, effraction par la fenêtre du salon...). Soyez factuel et précis.
- Une description détaillée des dommages subis, pièce par pièce, en listant les biens mobiliers et immobiliers touchés (murs, sols, meubles, appareils électroniques...).
- Une première estimation des dégâts, même si elle est approximative.
- Les coordonnées des éventuelles victimes (si votre responsabilité civile est engagée, par exemple si la fuite d'eau a endommagé l'appartement du dessous).
- Les coordonnées des éventuels témoins.
- En cas de vol, joignez une copie du récépissé de dépôt de plainte.
Rassembler les preuves : construire un dossier solide
Votre déclaration lance la procédure, mais c'est la qualité des preuves fournies qui déterminera en grande partie le montant de votre indemnisation. L'assureur a besoin d'éléments concrets pour évaluer la réalité et l'ampleur des dommages.
Documenter les dégâts : photos et vidéos
Dès que la situation est sécurisée, prenez un maximum de photos et/ou vidéos des dégâts. N'hésitez pas à multiplier les angles de vue : vues d'ensemble des pièces touchées, plans rapprochés des biens endommagés, traces de l'effraction, hauteur de l'eau... Ces éléments visuels sont souvent plus parlants qu'une longue description.
Conserver les biens endommagés (si possible)
Ne jetez rien avant le passage éventuel de l'expert mandaté par l'assurance, ou au moins avant d'avoir obtenu l'accord écrit de votre assureur. Les objets endommagés, même s'ils vous semblent irrécupérables, sont des preuves matérielles. Si, pour des raisons d'hygiène ou de sécurité (aliments périmés après une panne de congélateur, matériaux imbibés de produits dangereux...), vous devez absolument vous en débarrasser, prenez des photos très détaillées avant de le faire.
Fournir les justificatifs de valeur : factures, garanties, expertises
C'est le nerf de la guerre ! Pour être indemnisé à la juste valeur, vous devez prouver l'existence et la valeur des biens détruits ou endommagés. Rassemblez tous les documents possibles :
- Factures d'achat (le document le plus probant).
- Tickets de caisse.
- Certificats de garantie.
- Photos des objets avant le sinistre (utiles pour les meubles anciens, les objets d'art...).
- Expertises préalables (pour les bijoux, œuvres d'art...).
- Relevés bancaires montrant l'achat.
L'assuré a la charge de prouver la réalité et le montant des dommages dont il demande réparation. Un dossier bien documenté dès le départ accélère considérablement le processus d'indemnisation et évite bien des litiges.
L'expertise : une évaluation professionnelle des dommages
Selon l'ampleur et la complexité des dégâts, votre assureur peut décider de mandater un expert. Ce professionnel indépendant (bien que missionné et rémunéré par l'assurance) a pour rôle d'évaluer les circonstances du sinistre et le montant des dommages.
Le rôle de l'expert d'assurance
L'expert va :
- Vérifier les circonstances du sinistre déclarées par l'assuré.
- Identifier la cause exacte des dommages.
- Constater et décrire précisément les dégâts subis par le bâtiment et les biens mobiliers.
- Chiffrer le coût des réparations ou du remplacement des biens endommagés.
- Proposer des mesures conservatoires pour éviter l'aggravation des dégâts.
Il rédige ensuite un rapport d'expertise qu'il transmet à l'assureur. Ce rapport sert de base au calcul de l'indemnisation.
Préparer la visite de l'expert
Votre présence (ou celle d'un représentant) est fortement recommandée lors de la visite de l'expert. Préparez ce rendez-vous :
- Rassemblez tous les justificatifs (factures, photos...) que vous n'auriez pas encore transmis.
- Listez précisément tous les dommages constatés, même ceux qui peuvent sembler mineurs.
- Soyez prêt à répondre à ses questions de manière claire et précise.
- N'hésitez pas à lui montrer tous les dégâts et à lui expliquer le déroulement des faits.
Et si vous contestez le rapport d'expertise ? la contre-expertise
Si vous n'êtes pas d'accord avec les conclusions du rapport de l'expert mandaté par votre assurance (chiffrage insuffisant, cause du sinistre contestée...), vous avez le droit de demander une contre-expertise. Vous mandatez alors votre propre expert, appelé "expert d'assuré", qui défendra vos intérêts.
Les honoraires de cet expert sont généralement à votre charge, sauf si votre contrat d'assurance habitation comprend une garantie "honoraires d'expert". Si les deux experts (celui de l'assurance et le vôtre) ne parviennent pas à un accord, un troisième expert peut être désigné pour les départager. Les frais de ce troisième expert sont alors partagés entre vous et l'assureur.
L'indemnisation : comprendre l'offre de votre assureur
Sur la base de votre déclaration, des preuves fournies et de l'éventuel rapport d'expertise, l'assureur va calculer le montant de l'indemnité à laquelle vous avez droit, conformément aux garanties et conditions de votre contrat.
Les modes d'indemnisation : valeur d'usage ou valeur à neuf ?
C'est un point essentiel de votre contrat. L'indemnisation peut se faire :
- En valeur d'usage (ou valeur vénale) : L'assureur rembourse la valeur du bien au jour du sinistre, en déduisant un coefficient de vétusté (usure due au temps). Par exemple, un canapé acheté 1000€ il y a 5 ans, avec une vétusté estimée à 40%, sera indemnisé 600€.
- En valeur à neuf : Cette option, souvent plus chère à la souscription, permet un meilleur remboursement. L'assureur verse d'abord une indemnité en valeur d'usage. Puis, sur présentation de la facture de remplacement du bien par un modèle identique ou équivalent, il verse un complément d'indemnisation correspondant à la vétusté déduite (dans la limite d'un certain pourcentage, souvent 25%, précisé au contrat).
Franchise et plafonds de garantie : ce qui reste à votre charge
L'indemnisation n'est que très rarement totale. Deux éléments viennent la diminuer :
- La franchise : C'est la somme qui reste systématiquement à votre charge après un sinistre indemnisé. Son montant est fixé dans votre contrat et peut varier selon le type de garantie (franchise plus élevée pour les catastrophes naturelles, par exemple).
- Les plafonds de garantie : Votre contrat prévoit des montants maximums d'indemnisation pour certains types de biens (objets de valeur, matériel high-tech...) ou pour l'ensemble du capital mobilier assuré. Si le coût des dommages dépasse ces plafonds, la différence reste à votre charge.
Accepter ou refuser l'offre d'indemnisation
L'assureur vous adresse une proposition d'indemnisation chiffrée. Vous disposez d'un délai (précisé dans le courrier) pour l'accepter ou la refuser. Si vous l'acceptez, le versement intervient généralement rapidement (les délais sont souvent indiqués dans les conditions générales de votre contrat).
Si vous la refusez car vous l'estimez insuffisante, vous devez motiver votre refus par écrit, en argumentant et en fournissant d'éventuels éléments nouveaux (devis de réparation plus élevé, par exemple). Une phase de négociation peut s'ouvrir. En cas de désaccord persistant, vous pouvez saisir le médiateur de l'assurance, une procédure gratuite avant d'envisager une action en justice.
Cas particuliers : ce qu'il faut savoir
Certains sinistres obéissent à des règles spécifiques qu'il est bon de connaître.
Le vol : des démarches spécifiques
Comme mentionné, le dépôt de plainte auprès des forces de l'ordre est impératif et doit être fait très rapidement (souvent sous 24h). La déclaration à l'assureur doit suivre dans les 2 jours ouvrés.
Les preuves de l'existence et de la valeur des biens volés sont ici particulièrement importantes, car les objets ont disparu. Les photos, factures, et même les boîtes d'origine peuvent être utiles. Votre contrat peut prévoir des mesures de sécurité obligatoires (serrure 3 points, volets...) : si elles n'étaient pas respectées, l'indemnisation pourrait être réduite ou refusée.
Les catastrophes naturelles : une procédure encadrée
Pour être indemnisé au titre de la garantie "catastrophes naturelles" (obligatoirement incluse dans les contrats multirisques habitation), il faut impérativement qu'un arrêté interministériel reconnaissant l'état de catastrophe naturelle soit publié au Journal Officiel pour votre commune et pour l'événement concerné.
Vous disposez ensuite d'un délai de 10 jours ouvrés (sauf prolongation exceptionnelle) après cette publication pour déclarer (ou confirmer) votre sinistre à l'assureur. Une franchise légale spécifique s'applique.
La responsabilité civile : quand les dégâts touchent les voisins
Si le sinistre qui prend naissance chez vous (fuite d'eau, incendie) cause des dommages à des tiers (voisins, parties communes...), c'est la garantie Responsabilité Civile de votre contrat habitation qui entre en jeu pour indemniser ces tiers. Vous devez néanmoins déclarer le sinistre à votre assureur en précisant les coordonnées des victimes et la nature des dommages qu'elles ont subis.
Anticiper pour mieux réagir
Faire face à un sinistre chez soi est toujours une épreuve. Connaître les bons réflexes et la procédure de déclaration permet cependant de traverser cette période plus sereinement et d'optimiser ses chances d'obtenir une indemnisation rapide et juste. La clé réside dans la réactivité (respect des délais), la rigueur (constitution du dossier de preuves) et la communication avec votre assureur.
Enfin, n'oubliez pas que la meilleure assurance reste la prévention : entretenir régulièrement ses installations (plomberie, électricité, chauffage), sécuriser son logement contre le vol, et conserver précieusement les factures de ses biens sont autant de gestes qui peuvent éviter bien des désagréments ou faciliter grandement les démarches en cas de coup dur.